Il a, glisse-t-il, validé son bulletin dans le pays de Brie. Mais pour le reste, chut ! Vous ne saurez rien de l'identité de ce père de famille de Seine-et-Marne, passé en l'éclair d'un instant du statut de « Monsieur-tout-le-monde » au rang de 257e plus grande fortune de France. Le 29 mars, il a été l'unique veinard parmi vingt millions de joueurs issus des neuf pays qui participent à la loterie européenne, à avoir les sept bons numéros (une chance sur 116.531.000).
Un flash à deux euros
Et pourtant. Il ne s'agissait pas de ses chiffres fétiches. Encore moins des dates d'anniversaires de ses enfants. Au risque de faire bondir d'indignation tous ceux qui misent assidûment chaque semaine, et depuis des années, il convient de préciser que notre homme, lui, tentait sa chance pour la toute première fois, à l'Euro Millions. S'il tient - et on le comprend - à garder l'anonymat, le super-gagnant raconte volontiers comment il a appris l'incroyable nouvelle. La veille du tirage, il se trouve en voiture quand il entend, à la radio, que la cagnotte Euro Millions du tirage du vendredi se monte à plus de 130 millions d'euros. Il s'arrête dans un point de vente de la Française des jeux et mise deux euros dans un flash, formule rapide où la machine choisit arbitrairement les numéros. Le lendemain, 30 mars, il vérifie son bulletin. « J'ai cru à un poisson d'avril. C'était comme une baffe, on a revérifié toute la nuit », a relaté cet homme, contraint, alors qu'il devient subitement riche, de prendre un cachet pour trouver le sommeil. « En famille, nous avons eu du mal à réaliser, car ce chiffre de 132 millions d'euros est trop grand », concède encore le gagnant, dont le premier achat a été... un coffre-fort, pour y garder son précieux bulletin. C'est un foyer lambda. Le père a commencé à travailler très jeune, « s'est fait tout seul avec de nombreuses difficultés » et se déclare « surtout content pour ses enfants et les générations à venir ».
9.000 euros d'impôts par jour
Le multimillionnaire a décidé de s'offrir un premier caprice : il va s'arrêter de travailler. Il faut dire que ses 132 millions d'euros, sitôt placés, ont commencé à faire des petits. Le gagnant a calculé qu'il allait payer 9.000 euros par jour en impôts. Cela donne une petite idée des intérêts produits ! S'il envisage de prendre des obligations garanties d'État, le nouveau fortuné se veut un contribuable responsable : pas question de déménager à l'étranger pour raisons fiscales... Parmi ses projets : effectuer un don à la recherche pour le cancer, acheter une nouvelle voiture de fabrication française avec une boîte automatique, voyager à Paris avec un arrêt, peut-être, place Vendôme, haut lieu des bijoutiers, et « rester nous-mêmes », insiste l'homme. Ce qui ne sera sans doute pas la partie la plus facile...