Grâce à son carnet de commandes, STX France revit. Pour ses 150 ans, la construction navale à Saint-Nazaire (44) ne pouvait espérer mieux.
Après des années de vaches maigres, frappées de mesures de chômage partiel, les chantiers STX de Saint-Nazaire relèvent la tête. Ces derniers mois, ils ont engrangé plusieurs commandes fermes et définitives de paquebots et ferries au gaz. Et ce, dans un contexte de concurrence internationale très rude avec la Finlande, l'Allemagne et l'Italie. Si les chantiers tirent aujourd'hui leur épingle du jeu, c'est grâce à de longs mois de tractations entre la direction, la CFDT et la CFE-CGC qui ont signé récemment un pacte de compétitivité pour permettre à STX de baisser ses coûts.
Des mois de discussion
« La direction a proposé, dans un premier temps, d'augmenter le temps de travail sans rémunération supplémentaire, explique Christophe Morel de la CFDT. Nous avons refusé. » Après des mois de discussions, il a été décidé le gel de sept jours de RTT, par an, sur un total de 14. « Ces jours sont gelés pour trois ans. L'accord prévoit que nous pourrons les prendre ou nous les faire payer, passé ce délai », poursuit le responsable syndical.
Les deux syndicats ont également accepté que la prime de 20 ans d'ancienneté (un demi-mois de salaire) soit supprimée. La CGT et FO ont refusé de signer cet accord.
La CFDT, elle, ne regrette rien. « L'avenir du chantier est assuré pour cinq ou six ans. Et, cette année, pour la première fois depuis longtemps, les salaires ont été revalorisés de 2,4 %. »
Sur les quais nazairiens, la possible fermeture de STX avait gagné les esprits. Même les politiques en parlaient avec fatalisme, disant que cette activité n'était plus génératrice de grosses marges, de beaux bénéfices. Avec la disparition des chantiers, c'est un des socles de l'économie régionale qui se serait effondré.
Le plus grand portique d'Europe
Pour accompagner cette reprise, STX a investi plus de 30 millions d'euros dans le portique le plus puissant d'Europe. Cet engin, de couleur rouge, qui culmine à 65 mètres au-dessus de l'aire de pré-montage des monstres des mers, pèse 5.000 tonnes et peut soulever des blocs de 1.200 tonnes de 40 mètres de large ! Soit près de deux fois la puissance de l'ancien portique (750 tonnes) qui date de 1968. « Ce gros investissement va nous permettre d'aller plus vite en phase d'assemblage », souligne-t-on à STX. Le gain de temps serait estimé à 30 %.
Le virage des EMR
Le chantier nazairien entend aussi négocier habilement le virage des énergies marines renouvelables (EMR). Dans quelques jours, une énorme sous-station électrique, mise en chantier en mars 2013, va être livrée à l'énergéticien danois Don Energy. Ce transformateur off-shore, première réalisation de ce type pour STX, recevra l'énergie produite par un champ de 36 éoliennes offshore avant de l'acheminer vers le continent. L'ensemble, constitué de deux entités de 1.500 tonnes, sera déposé par 25 mètres de profondeur et dépassera les flots de 10 mètres.
Dans quelques jours, la barge sur laquelle a été hissée la sous-station prendra la mer. Direction Westermots Rough, dans le sud-est de l'Angleterre.